Acte
II, scène 2
Perséphone,
Cassandre, Déméter
Perséphone
Ah, mes amies, cela est affreux ! Mon cœur saigne, ma douleur est intolérable !
Une flèche en mon sein vient de se ficher et me fait mourir.
Cassandre
Que se passe-t-il, Perséphone, parle !
Perséphone
Mon cœur, mon pauvre cœur… Les cieux en sont témoins, vient de m’être arraché. Ô cruel destin ! Je suis éconduite sur les rivages malheureux de l’infortune et du dé-clin ! Pourquoi fallait-il qu’à l’amour trompeur je m’attache ? Suis-je haïe des dieux pour subir pareil tourment ? Délivrez-moi de la souffrance ! Chassez la peine et la fu-reur qui m’égarent ! Je suis victime de l’ironie du ciel, car elle aime ailleurs !
Déméter
Déjà ?
Cassandre
Que veux-tu dire ?
Perséphone
Je l’aperçus ici même en compagnie d’une autre, enlacées toutes deux au creux de leur ardeur. L’horreur me glace, la stupeur me fige, la trahison me soulève, la colère exulte. Mon sang se retire, je pâlis, prête à défaillir. Mon impuissance me fit vaciller, je m’enfuis, désespérée.
Déméter
Es-tu certaine ?
Perséphone
Le doute, hélas ! n’est point permis. Ce que je vis était la réalité d’une horreur fu-gace, doublée d’une trahison tenace. C’est plus que je n’en puis supporter. Ôtez-moi la vue et les sens, que jamais plus je n’endure une telle souffrance ! Arrachez-moi ce fourbe cœur qui me déporte vers l’effroi ! Je meurs, mes amies, ne me retenez point ! Pâle est la raison, insipide la consolation. Laissez-moi, je vous en conjure, à ce funeste sort qui est le mien !
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