MALIN
À DEMI-MALIN
(dit
le muscardin)
– Arrêtons-nous
là, voulez-vous ? proposa l’Archer en désignant le pied d’un hêtre. Vous n’êtes pas surprise ? ajouta-t-il tandis qu’il attachait sa monture.
– Pourquoi leserais-je ?
– Il neige en plein été… c’est assez rarissime, pour ne pas dire extraordinaire.
– Ce n’est pas de la neige, répliqua, à mi-voix, Percevale.
– Oh… et qu’est-ce donc, gente demoiselle ?
– Ce sont des larmes… les
larmes du ciel, murmura la jeune fille alors qu’elle re-cueillait des flocons au creux de sa paume.
– Les cieux seraient tristes ?
– Immensément.
– Savez-vous pourquoi ?
– Sans doute est-ce la réponse que je suis venue chercher ici…
– Auprès d’un archer ? s’étonna l’enchanteur, la fixant de ses beaux yeux turquoise. Eh bien, en ce cas, à vous de jouer, l’invita-t-il en lui présentant l’arc et les flèches : une en direction de chaque point cardinal.
La jeune femme refusa d’un mouvement de tête.
– Essayez, insista-t-il.
Percevale, après une courte hésitation, saisit l’arme, pinça l’empennage entre ses doigts, banda la corde et la relâcha ; le projectile disparut dans un sifflement en di-rection du nord. Elle répéta ensuite son geste avec les trois suivantes : une à l’est, une à l’ouest, la dernière vers le sud.
– Bien : quatre flèches, quatre possibilités…
– Ou quatre poisons ; quatre ennemis à combattre quand elles reviendront… car c’est moi qu’elles viseront, n’est-ce pas ?
L’Archer lui adressa un étrange sourire.
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